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LOVÓ: les grands-mères lusophones racontent l’histoire d’Esch-sur-Alzette

Portrait de deux grand-mères
  • Tous les jours

    20:00 - 21:00

Laissez-vous guider par les voix des grand-mères lusophones d'Esch-sur-Alzette pour une visite unique et immersive de la ville !

Qu'est-ce que LOVÓ ? 

Le terme LOVÓ, combine les mots « love » (amour en anglais) et « avó » (grand-mère en portugais) pour désigner la mémoire des grands-mères de la communauté portugaise et capverdienne eschoise. Porté par les chercheurs de l'Université du Luxembourg, Myriam Dalal et Thomas Cauvin, ce projet utilise l'histoire orale et l'art pour donner la parole à plusieurs grands-mères lusophones résidant à Esch-sur-Alzette, qui ont fait de cette ville leur chez-soi.

LOVÓ explore les récits personnels de ces femmes remarquables, tissant un lien entre la sphère privée et publique, et entre l'individuel et le collectif. Ces grands-mères jouent un rôle essentiel en tant que porteuses du patrimoine culturel immatériel, transmettant leurs connaissances et savoir-faire en matière de pratiques traditionnelles, folklore et arts culinaires à travers les générations.

Rejoignez-nous pour célébrer les voix des grands-mères lusophones d'Esch-sur-Alzette et découvrez comment elles ont façonné l'identité de notre ville au cours des 50 dernières années.

L'Expérience 

Les témoignages des grands-mères seront mis en lumière à travers des visites audio-visuelles captivantes, composées d'installations lumineuses créées par les artistes visuels talentueux Duarte Perry et Marieke Leene. Ces œuvres lumineuses seront accompagnées d'extraits audio des interviews réalisées avec les grands-mères, offrant une perspective intime et émouvante de leurs histoires et de leur impact sur la culture d'Esch-sur-Alzette. Leurs voix guideront les visiteurs à travers des parcours nocturnes parsemés d'éléments évoqués lors des entretiens et réinterprétés par des artistes.

Pourquoi y assister ? 

Plonger dans les visites audio-visuelles du projet LOVÓ, c'est découvrir une dimension inédite des liens familiaux et de l'expérience migratoire. En explorant la question du foyer et ses nombreuses interprétations, vous pourrez réfléchir sur l'intégration des migrants et exilés et la manière dont ces récits individuels enrichissent notre patrimoine collectif. Ne manquez pas cette occasion de vivre une expérience artistique et humaine inoubliable, qui célèbre la diversité et la richesse culturelle de notre communauté !


Ce projet est mené par une équipe de chercheurs/euses en histoire publique à l’Université du Luxembourg et est co-financé par les Fonds National de la Recherche FNR et Nuit de la Culture.

Inscription (gratuite)

Récits des grand-mères

  • [Œuvre créée par l’artiste Marieke Leene]

    Ah, enfin le soir, et nos histoires du soir. J’ai toujours admiré la nuit, depuis toute petite. Pour m’endormir, mon père me prenait dans sa voiture le soir à travers les rues d’une ville étrangère où l’on vivait depuis quelques années en tant qu’émigrés. Allongée sur le siège de notre petite Renault, Je regardais par la fenêtre filer les poteaux de lumière l’un après l’autre… C’était il y a longtemps, très longtemps. Mes parents avaient quitté le pays dans les années 70, et je suis née à l’étranger, il faut dire que je n’avais pas tellement le choix.

    Avó veut dire grand-mère en portugais, et pour avó Elizabeth, arrivée du Cap Vert par le Portugal pour s’installer au Luxembourg dans les années 70, le choix n’était pas le sien non plus, mais celui de ses parents et elle en est reconnaissante. Elle aime le Luxembourg, elle l’a toujours aimé.

    "Mon père est arrivé au Luxembourg dans les années soixante-dix. Il a laissé sa famille au Cap-Vert. Après quelques années, il nous a fait venir. Nous sommes donc venus du Cap-Vert directement au Luxembourg. Ce n'était pas mon choix, mais celui de mes parents. Mais Dieu merci, j'aime ça, j'ai toujours aimé ça."

    Ecoutez comment elle nous explique sa première impression d’Esch la nuit. Toute surprise par la lumière de la ville, la jeune Elizabeth avait l’impression d’être dans un autre monde. Toute cette lumière, pour elle, c’était nouveau, presque magique.

    "C'était très lumineux. Je suis arrivé... en arrivant à Esch, parce que nous sommes venus du Portugal en bus, dans le bus, nous sommes arrivés à Esch, ma première impression a été, nous sommes arrivés de nuit, toute cette lumière, c'était... j'étais impressionné, j'avais l'impression d'être dans un autre monde. A la fois dans la beauté du pays et aussi dans les difficultés qu'on pouvait rencontrer... Ma première impression, c'était les lumières. L'éclairage du pays, que nous n'avions pas dans mon pays."

    Quitter le pays, grandir et s’adapter, Elizabeth avait beaucoup de choses à faire en très peu de temps. C’est peut-être ça l’immigration. Une rupture avec l’innocence, un pas géant vers la vie d’adulte responsable et ambitieuse. Notre avo/grand-mère nous explique dans ce passage les premiers jours difficiles à l’école, les larmes et les classes d’accueil, et comment malgré tout, et rapidement, elle s’était adaptée.

    "Les premiers jours ont été difficiles parce que quand on allait à l'école, on ne comprenait pas la langue, ni le portugais parce qu'on parlait cap-verdien... C'était très difficile, les premiers jours j'ai pleuré, j'ai beaucoup pleuré, mais j'ai vite réussi à me faire des amis... On nous a tout de suite mis dans des écoles, qu'on appelait des « classes d'accueil ». Toute une classe de ces enfants…se réunissait, des Capverdiens, des Portugais, des Yougoslaves."

    Mais une jeune Cap Verdienne au Luxembourg, ça voulait dire un défi de plus à affronter : celui du racisme. Elizabeth remarquait que les personnes noires n’étaient pas nombreuses à l’époque. Elle nous parle dans ce passage du racisme qui, étant petite la rendait triste, et comment aujourd’hui, elle s’affirme fièrement en tant que femme noire.

    "Quand je suis arrivée, je me suis dit qu'avant, les gens de ma couleur de peau étaient peu nombreux. Très très peu. Tout le monde… on sortait… tout le monde nous voyait parce que… on était peu nombreux. À Esch, surtout, nous étions peu nombreux. On se réunissait avec d'autres nationalités africaines pour faire des fêtes avec les… les Guinéens, ces autres pays angolais ... Je pense qu'à cette époque, même si nous étions peu nombreux, il y avait beaucoup de racisme, comme aujourd'hui. J'étais sensible, je me souviens que lorsque quelqu'un disait « noir », je rentrais chez moi et je pleurais. Aujourd'hui, je dis « je sais, je suis noire », mais à l'époque, quand j'étais enfant, c'était difficile."

    Peut-être aussi qu’avec toute enfance perdue, ce qui nous manque le plus c’est cette liberté perdue. La petite Elizabeth vivait dans son village du Cap vert, errante et libre. Arrivée à Esch et elle devait grandir tout de suite, devenir adulte et être responsable, perdre son adolescence.

    "La liberté peut-être. Liberté parce qu'autour des enfants on vit librement, je sais que là-bas j'ai vécu librement comme je vous le disais un peu, les jeux. Ici nous étions fermés, ici nous étions fermés, ici nous sommes, nous allons à l'école. Et tout était contrôlé. Je suis passée de, de l'enfance directement à l'âge adulte. Je trouve que je n'ai pas eu d'adolescence en fait. Il faut être là, il faut faire, il faut accepter, c'est comme ça. Et c'est tout. C'est comme ça"

    On grandit, on apprend, on se bat et on fait nos vies. D’ailleurs, pour Elizabeth, Le succès prend du temps, de la patience et de la persévérance. Aujourd’hui, dans le salon de coiffure qu’elle dirige depuis 24 ans, elle a finalement trouvé ce sentiment de chez soi.

    Le Cap Vert reste cependant partout, dans les petits détails, la cuisine, la tenue et les coutumes. Ecoutez comment elle nous explique que dans l’âme, elle reste une femme africaine qui essaie de transmettre cela à ces enfants et petits-enfants.

    "Chaque fois que je fais mon ragoût de poisson, c'est immédiatement dans mon esprit « je suis là... je suis comme les femmes là... je suis comme les femmes là... ». Je suis comme les femmes là-bas. » J'aime le dimanche matin quand je fais mon ménage. Je mets un foulard sur ma tête, j'enfile un peignoir et je me sens vraiment comme une pure Capverdienne. Les enfants et les petits-enfants sont très luxembourgeois à vrai dire. Ils me disent toujours : « Pourquoi fais-tu cela, te crois-tu au Cap-Vert ? Je pense que les femmes africaines, pour moi, même si nous nous sentons européennes, mais au fond, nous sommes toujours des femmes africaines dans l'âme et nous essayons de transmettre cela, cette façon d'être africaine, à nos enfants. Parfois, je dis « eh bien, cela vient des Capverdiens, cela ne vient pas des Luxembourgeois»"

  • [Œuvre créée par l’artiste Duarte Perry]

    J’admire ma grand-mère à moi. C’était une femme courageuse, honnête et qui aimait vivre. J’avais l’impression que plus elle vivait, plus ça lui permettait de nous raconter des histoires et des aventures.

    Le 12 avril, c’est l’anniversaire de ma sœur et le 21 celui de ma grand-mère. Elles partagent d’ailleurs toutes les deux le même prénom et un fort caractère. Ma mamie a vécu mille et une vie avec amour. Elle a également immigrée plusieurs fois durant sa vie.

    Mais pour avó Adriana, qui vit à Esch, le 12 avril marque un autre type d’anniversaire. C’est le jour de son arrivée depuis le Portugal au Luxembourg. C’était en 1972. La jeune adolescente Adriana avait fait le trajet avec son frère sa sœur, sa mère et une seule valise à la main, pour rejoindre son père déjà installé ici. C’était la première fois qu’elle quittait son chez soi, et la première fois qu’elle voyait la neige.

    Ecoutez Adriana nous parler de ce jour.

    "Je suis arrivée pour la première fois le 12 avril 1972 à Esch. Un jour de neige, ce fut une grande nouveauté car nous ne connaissions pas la neige au Portugal. Mon père était déjà là. Je suis venu avec ma sœur, ma mère et mes frères. Quand on est arrivés, on n'avait rien d'autre qu'une valise à la main. Nous suivions les parents et les parents qui disaient comme ils le disaient, nous sommes ici pendant un certain temps pour amasser de l'argent pour construire une maison, ce qui n'a pas été le cas après. Nous sommes restés."

    Si mamie Elizabeth se rappelle la lumière à Esch, pour Adriana, c’est le manque de couleur qui l’a choquée. C’était tellement moins vivant que nos maisons au Portugal dit-elle, sans couleur, et tant de fumée des usines qui couvrait tout.

    "Ce qu'était Esch quand on est arrivés ici, en se rappelant que toutes les maisons étaient sombres, qu'il n'y avait pas de couleur dans les maisons, c'est une chose. Et quand nous demandions au Luxembourgeois “pourquoi la maison est-elle comme ça?”, divisé par la fumée de l’usine qui salait, alors il n’y avait pas la couleur de la maison. Et nous vivions ainsi, c’était ce que nous nous demandions : « Pourquoi n’y a-t-il pas de couleur dans les maisons ?"

    Les débuts furent parfois difficiles, et pour la jeune Adriana qui ne parlait pas luxembourgeois, se faire des amis n’était pas facile. Ses amis d’auparavant étant restés au Portugal, ici, tout était nouveau, tout le monde était étranger.

    "Nous ne nous mélangions pas autant. Aujourd'hui, on se met plus avec le Luxembourgeois. Nous n'avions pas d'amis, j'avais laissé mes amis au Portugal, j'ai dû aller à l'école ici et c'était plus compliqué parce que nous ne connaissions personne. C'est comme ça, l'école... Ce que je mets ici, un point d’interrogation que j’ai toujours en tête, c’est « Pourquoi ? » Quand on est arrivés ici, on était un peu à l'écart."

    Adriana se rappelle toujours son instituteur, Monsieur Gretsch, qui accueillait les enfants immigrés avec patience, avec amour et dévouement. Pour elle, il est comme un membre de sa famille.

    "Je n'ai fait que deux ans d'école, mais j'ai eu Monsieur Gretsch qui recueillait tous les immigrés. Et c'est dans mon cœur. Parce que c'était un professeur luxembourgeois qui ne nous a pas mis à part et il s'est donné la peine d'apprendre un peu de portugais pour pouvoir communiquer avec nous. Monsieur Gretsch, c’était comme quelqu’un de famille. Quelqu’un qui nous accueillait et même qui faisait venir la femme pour nous faire la couture."

    Les classes d’accueil et un instituteur comme monsieur Gretsh ont donné à la jeune Adriana l’envie de rester. Aujourd’hui, 52 ans plus tard, Esch est son chez soi. Elle aime Esch, partout, comme elle dit.

    "Je ne pense pas avoir un endroit préféré ici à Esch. J'aime Esch, partout."

  • [Œuvre créée par l’artiste Myriam Dalal]

    Se faire une vie ailleurs, chercher une meilleure vie, ça passe parfois par des mesures extrêmes. J’ai l’impression qu’on n’arrête pas d’en parler dans les journaux et les médias. Et c’est remarquable de voir à quel point les situations changent selon l’évolution des politiques d’accueils, des lois d’immigration et des conventions qui dictent nos vies…

    Arrivée à Esch avant la révolution des œillets au Portugal de 1974, Avó Teresa explique comment elle a dû payer des passeurs pour passer du Portugal en Espagne, puis en France pour arriver au Luxembourg avec ces enfants, pour que son fils ainé âgé de 15 ans à l’époque puisse échapper au service militaire. Ecoutez la raconter comment elle est arrivée à 6h du matin, depuis Metz avec un chauffeur de taxi portugais.

    "Nous sommes venus d'assaut parce que mon fils aîné avait 15 ans et ils ne passaient pas de passeport parce que l'armée était obligatoire, le service militaire. Et mon frère a trouvé un passeur pour nous faire passer du Portugal à l'Espagne, puis de l'Espagne à la France. Et de la France à ici. je suis arrivée le matin, à 6 heures du matin, parce que le taxi est venu nous chercher à Metz et il était portugais et il est toujours vivant ce monsieur."

    Au début, avó Teresa se disait qu’elle allait rester 3 ans au Luxembourg. Elle se rappelle d’ailleurs comment les Portugais étaient peu nombreux à Esch dans le temps, par rapport à aujourd’hui. Elle se rappelle aussi le calme au Luxembourg, de pique-nique qu’elle faisait en famille sur les bords de la Moselle, de la promenade dans la rue de l’Alzette, qui était, selon elle, plus belle à l’époque. Elle passait le dimanche dans la rue de l’Alzette, puis au café sur la rue du canal. Teresa jouait au Quilles aussi.

    "Quand je suis arrivé, pour le moment, je me suis dit : « Je vais rester 3 ans. Avant, nous étions peu de Portugais ici. Et aujourd'hui, combien sommes-nous ? 200 000. C'est ça ? Non ? Je ne sais pas. Je ne sais pas bien, mais je sais qu'à notre arrivée, c'était 30 ou 3 000. Je crois qu'il y avait 3 000 Portugais ici. C'était un pays, et c'est très calme. Mon frère était là, il connaissait déjà le pays et il nous emmenait nous faire visiter un autre, un autre endroit, un autre endroit. On allait faire un pique-nique à la Moselle, et je me suis très bien adaptée. La promenade était toujours la rue d’Alzette. La rue d’Alzette était une très belle rue. Elle n'est pas si belle aujourd'hui, non. Et on y passait le dimanche après-midi-là et on y allait, et puis on venait et on allait au café que mon mari nous emmenait. Toujours au café sur la rue du Canal, c'est ça Et on jouait à « Kilos » (Bowling), j'ai joué."

    Notre avó Teresa cuisinait dans le temps dans une maison de retraite, et chez elle, la cuisine reste toujours portugaise ! son mari l’appréciait et pour elle, rien n’est plus bon qu’un bon plat de morue.

    "La nourriture que je fais est toujours portugaise. Je m'éloigne un peu des Italiens, mais mon mari adorait la cuisine portugaise. J'aime les patates avec la morue. J'aime beaucoup. Ou du poisson, mais j'aime beaucoup la morue, mais j'ai un fils qui aime aussi la morue. Mon fils. Beaucoup de morue. Et, mais j'aime d'autres choses aussi, mais la morue et le poisson sont sur ma table."

    Teresa garde avec son pays natal un rapport culinaire, et avec ces petits enfants, elle parlera toujours le portugais.

    "Je parlais toujours le portugais pour mes petits-enfants. Toujours le portugais."

  • [Œuvre créée par l’artiste Marieke Leene]

    Parfois on se dit que les choses sont temporaires, que même si l’on quitte notre pays natal, notre chez soi, qu’on reviendra surement un jour. Je me demande aussi ce que cela pourra signifier pour moi, si je n’arrive pas à m’encrer quelque part. Plus le temps coule, plus le chez moi se brume derrière un brouillard de priorités secondaires.

    Pour Marie José, venu du Cap Vert rejoindre son père au Luxembourg, la possibilité de rentrer chez elle n’avait aucun sens, si elle n’arrivait pas à économiser assez avec son travail à l’hôtel. Dans ce passage, elle explique comment le jour après son arrivée au Luxembourg, elle dût déjà se rendre au travail pour lequel elle gagnait beaucoup moins que ces collègues à cause de son jeune âge.

    "Quand je suis arrivée ici, je n'ai pas eu beaucoup de temps seul parce que, le lendemain, ils m'ont emmenée à l'hôtel où j'allais travailler et, comme je dormais là, je travaillais là, et j'avais une chambre pour dormir, et j'ai trouvé une femme cap-verdienne qui dormait dans la même chambre. Aujourd'hui encore, nous sommes amies, nous sommes toujours en contact. Je gagnais peu parce que j'étais plus jeune. Je voyais mes collègues, à l'époque, ils gagnaient 6, 7 mille francs et moi j'en gagnais 4 parce que j'étais plus jeune et donc, je me suis dit, comment je vais faire pour avoir de l'argent pour retourner au Cap Vert ?"

    Venu de l’ile São Nicolau au Cap Vert, avó José a appris à nager ici, à Esch même. La piscine était grande et effrayante pour la jeune José, mais le courage et la curiosité ont réussi à la convaincre d’essayer.

    "Il fallait que j'apprenne à nager, parce que, je le savais, parce que je l'ai dit dans mon cours de couture et… elle m'a dit « regarde, tu peux aller apprendre à nager “, ” tu peux aller apprendre à nager “, elle a dit comme ça ” tu peux aller apprendre à nager, juste aller à la piscine » et moi, à partir de là, j'ai décidé d'apprendre et d'y aller. Le premier jour, tout allait bien, j'étais contente et le jour où je suis arrivée, quand j'ai vu que la piscine était très grande, je ne savais pas nager, j'ai eu plus peur. Mais, comme je suis toujours curieuse, j'y suis allée et j'ai appris."

    En parlant d’Esch, Avó José (ou Mamou José comme ces petites filles préfèrent l’appeler) trouve que les étrangers ont plein de moyen d’apprendre à connaître la ville et d’obtenir de l’aide de nos jours. Même lorsqu’elle est arrivée, elle a appris par hasard que des cours de natation étaient offerts à tous. 

    Pour elle, Esch c’est sa ville. Elle raconte comment le centre était complétement différent en 1975-76 : par exemple la rue principale n’était pas piétonne, il y avait beaucoup de magasins, il y avait tout ! c’est ici même qu’elle a acheté sa robe de mariage. Tout a changé cependant au point qu’elle reconnait à peine la ville qui l’a accueillie.

    "J'ai eu mon fils et j'ai vécu dans le centre d'Esch, qui était complètement différent - en 75-76, il n'avait rien à voir avec ce qu'il est aujourd'hui. Pourtant, la rue principale n'était pas une rue piétonne, les voitures passaient, etc. Mais, on dirait qu'il y en avait une, un autre environnement, il y avait beaucoup de magasins, on trouvait de tout. Il suffisait de sortir dans la rue, il y avait tout... il semble que l'environnement était différent. Il n'y avait pas, voilà, ça ne ressemblait pas, la ville ne ressemblait pas à ce qu'elle est aujourd'hui. Et les gens sortaient, il y avait tout à côté, il y avait tout, il y avait tout à Esch qui, aujourd'hui, ne ressemble pas à ça, rien, rien. Quand je me suis mariée, j'ai acheté ma robe de mariée rue Alzette, il y avait un magasin pour tout et, aujourd'hui, tout a changé, tout.Je ne reconnais pas la ville qui m'a accueillie quand je suis arrivée."

    C’est dans la rue Moulin qu’elle a acheté d’ailleurs sa première maison. C’était une rue paisible même si les voitures passaient, et qu’on entendait les hommes discuter dans le café au coin de la rue qui existe toujours.

    "J'ai acheté une maison rue du Moulin, derrière la rue Alzette. Il y avait la rue Alzette, si on en faisait le tour, il y avait la rue du Moulin. On était tout près de la rue Alzette, il y avait des voitures qui passaient, même mon fils sortait jouer, mais on avait l'impression qu'il y avait... c'était paisible quand même. Je ne l'entendais pas, dès que... Une certaine heure arrivait, c'était fini, c'était le calme. Là où j'ai habité la première fois, il y avait un café au coin de la rue. C'était autre chose. Le café, aujourd'hui, est toujours là. Mais, dans cette rue, il y avait le café et on entendait encore les hommes qui entraient dans la rue, etc."

    Travailler ici, acheter une maison, se marier à 18 ans. Cela fait 50 ans que José apprivoise sa ville. Ça fera 50 ans en 2025, pour être exacte.

    "C’était à Esch... Eh bien, je travaillais aussi à Esch, à l'époque où nous avons acheté la maison, et mon fils allait à l'école à Esch. Nous sommes restés dans l'appartement pendant cinq ans, puis nous sommes allés vivre dans la maison et c'est tout, Esch est ma ville. Je suis ici depuis de nombreuses années. Je suis venue ici... Je me suis mariée à 18 ans et je suis venue vivre ici... oui, depuis... ça va faire 50 ans dans peu de temps. Je peux dire... pas encore... en 2025 ça fera 50 ans que je suis venue vivre à Esch et j'ai vécu, j'ai vécu à Esch pendant longtemps... une grande partie de ma vie et donc, bien qu'on puisse dire que, euh, c'est ma ville. Pour moi, c'est là où j'ai vécu la plus grande partie de ma vie, normal. Je pense que pour moi, c'est la normalité."

    Et de São Nicolau, elle garde les bons parfums. L’ile est connue pour sa farine de manioc et elle en ramène avec elle au Luxembourg lorsqu’elle peut. Etant petite, elle mélangeait une banane avec un peu de farine. C’est presque sa madeleine de Proust.

    "Mon pays, São Nicolau, est connu pour sa farine de manioc, ils ont même fait une chanson qui parle de la farine de manioc. Il y a beaucoup de gens qui apportent un peu de farine de manioc et c'est traditionnel, et c'est très connu à São Nicolau. Et quand j'étais petite, nous mangions une banane, mélangée avec, euh, c'était fait en la mélangeant avec un peu de farine de manioc."

  • [Œuvre créée par l’artiste Myriam Dalal]

    Mes sœurs sont convaincues que j’étais un animal amphibien durant l’une de mes vies passées, du simple fait que j’aimais autant rester dans l’eau que marcher sur terre. J’adorais depuis toute petite la mer, et je l’aime peut-être encore plus poétiquement aujourd’hui.

    Comme moi, avó Sandra garde un lien fort avec l’eau, l’océan et le parfum de son pays. Sandra nous raconte d’abord comment elle a quitté le Portugal en 2009 pour rejoindre son mari qui était déjà installé au Luxembourg. Son expérience fut terrible, laissant son âme loin dans son pays. Ici, elle s’est adaptée mais ne s’est jamais habituée. On dit souvent qu’on rentrera au pays mais pour Sandra, de façon réaliste, les enfants et les petits enfants font leur vie ici et la vie continue. On finit par rester.

    "Je suis venue ici en 2009. Mon mari est arrivé le premier et a essayé d'organiser les choses pour que mes enfants et moi puissions venir plus tard. L'expérience a été terrible. Nous sommes ici, c'est dur. Notre âme est loin de notre pays. Je ne me suis jamais habituée. Je pense qu'on s'adapte, mais on ne s'habitue jamais ici. Certains disent que oui, qu'ils aiment même être ici, que... Je ne crois pas. Je ne crois pas. On se dit : « Oh, encore quelques années, une demi-douzaine d'années, et on sera partis. » Non. On reste. Les enfants grandissent. Mon fils, mon petit-fils est arrivé, ce n'était pas prévu, mais bon. Il est là."

    Pour la jeune mamie Sandra de 47 ans, il n’est pas question de recommander à quelqu’un du Portugal de venir ici, parce que pour elle ce fut très compliqué et difficile. Dans les années 1970 et 80, c’était peut-être plus difficile vu que personne ne parlait le portugais, qu’on n’avait pas les moyen de communiquer facilement avec sa famille au pays. Mais on pouvait au moins économiser de l’argent. De nos jours, selon elle, c’est tout le contraire.

    "C'est compliqué. La vie ici est très compliquée. Il y a des gens qui disent oui, que... Il y a des gens qui, quand on va au Portugal, encouragent même d'autres personnes à venir et moi, je n'encourage personne à venir. Je n'encourage personne à venir. Je n'encourage personne parce que ce n'est pas facile. Je parle pour moi. L'expérience n'a pas été bonne. De nos jours, il est hors de question d'économiser de l'argent ici, je pense. Pas à mon avis. Autrefois, ils avaient peut-être plus de difficultés, comme lorsqu'ils sont venus ici dans les années 80, peut-être dans les années 70, 80. Alors, oui, ils sont venus avec des difficultés parce que nous n'avons pas les choses que... Nous n'avons pas les... Ils n'avaient pas ce que nous avons aujourd'hui et ils étaient loin de leur famille, il n'y avait pas de réseaux, de réseaux sociaux, il n'y avait pas de téléphone comme aujourd'hui et tout ça. C'était difficile à cet égard. Mais pour gagner de l'argent, oui. Oui. Se réunir pour gagner de l'argent, oui. Pas aujourd'hui. Pas aujourd'hui."

    On le sent dans son discours, avó Sandra a le mal du Portugal (Saudade du Portugal, de la plage, de l’océan et de l’odeur du pays. Quand elle rentre au Portugal, c’est comme si elle partait d’ici pesant 100 kilo et arrivait là-bas toute légère.

    "Pour moi, le Portugal est ce qui me manque le plus. Il me manque vraiment. C'est la plage. L'océan. Et mon frère, j'ai un frère là-bas qui est le seul frère à qui je parle et qui fait même ces appels vidéo pour me montrer et je... Parce que nous sommes près de l'océan et que j'aime l'océan. J'adore l'océan et c'est quelque chose qui me manque beaucoup. L'odeur de là-bas. Quand je rentre au Portugal, c'est totalement différent. C'est comme si je partais d'ici avec 100 kilos et que j'arrivais là-bas complètement légère."

    A chaque fois qu’elle rentre du Portugal, Sandra ramène dans une petite boite du sable mouillé, des coquillages, pour tenter de conserver au Luxembourg le parfum de son chez soi.

    "Quand je suis allée au Portugal, la seule chose que j'ai apportée, et mon mari a dit que j'étais folle, c'est que j'allais à la mer, à la plage, j'ai trouvé une boîte, une petite boîte et j'apportais du sable, j'apportais le sable mouillé avec les coquillages et tout, et je pouvais le sentir pendant une semaine, oui. C'est ce que j'apportais."

    Et peut-être qu’elle essaie aussi de revivre ici, dans cette petite boite toute l’expérience de la plage qui lui manque : le sable entre ses pieds, les cailloux entre les mains, qu’elle essaie d’ailleurs de ramener en cachette dans son bagage, même lorsque cela signifie qu’elle aura 5 kilos de plus.

    "Tout. C'est l'odeur, c'est le fait de le voir. Moi, moi étant devant... le sable. Sentir mes pieds dans le sable, sentir tout ça. J'attrape tous les cailloux quand je vais là-bas, je reviens parfois avec 5 kilos de cailloux que je ramène à la maison. Mais je ne les ramène pas ici, n'est-ce pas ? Mais j'en ai apporté quelques-uns en cachette parce que mon mari… c'est lourd à porter."

    Avó Sandra nous raconte comment, même si elle craint l’eau, dans le sens où elle n’a pas réussi à apprendre à nager, qu’elle aimera toujours la mer. Une fois, elle est allée à la mer en octobre, l’eau était glacée, mais elle était tellement bien, seule, sereine.

    "Mais je... Tout ce que... I... J'enlève tout... I... Je ne sais pas, je ne sais pas... Je, je... En fait, je ne... J'ai peur de l'eau, j'ai peur de l'eau. J'aime nager, mais je ne plonge pas. Parce que je... Pour moi, plonger, c'est... On a essayé de m'apprendre... C'est une affliction énorme. C'est un problème. Mais j'aime l'eau. J'aime y aller. J'aime... Je vais jusqu'au cou parce que je peux alors nager au-dessus, mais il est hors de question pour moi de plonger. Et si je regarde dans les profondeurs, c'est un mal qui … (Deus me livre). Mais le... Je ne peux pas l'expliquer. J'aime la mer, l'odeur. C'est pourquoi j'ai apporté cette chose pour la sentir. L'odeur. La première chose que je fais, c'est d'essayer d'aller... Quand nous arrivons au Portugal, nous nous installons et ce qui suit : l'océan. Face à la mer, tout droit. Directement. J'aime la mer, je ne sais pas pourquoi, mais je l'aime. Je l'aime vraiment. En octobre, il y a quelques années j'y suis allée en octobre 5 jours, en octobre, il faisait même beau, la mer était calme. Et voilà. Eau glacée, eau glacée. Mais j'étais là. C'était là … l'eau autour, j'étais là tellement bien. C'était, ai. J'adore ça. Il n'y avait personne. Il n'y avait personne. [Les gens marchaient autour. Il n'y avait que moi dans l'eau, personne d'autre. Mais j'étais là. J'adore ça. J'aime vraiment ça."

    Peut-être que si le Luxembourg avait une mer, le Portugal ne lui aurait pas autant manqué. Mais bon, on ne peut pas tout avoir.

    "Peut-être que si le Luxembourg avait une mer, un parasite, il ne nous manquerait pas autant. C'est ce que je pense. Mais bon. On ne peut pas tout avoir. Non, mais c'est ça. Mais c'est ça."

  • [Œuvre créée par l’artiste Duarte Perry]

    Ma grand-mère à moi chantait tout le temps, je l’entendais depuis ma chambre le soir, lorsque nous étions supposés être déjà endormi. Elle faisait le dernier tour de la maison pour fermer les fenêtres, ranger les affaires, éteindre la lumière et préparer le lendemain matin. D’ailleurs moi aussi j’aime chanter, ça me donne l’impression d’apprivoiser l’espace étranger qui m’entoure. Je chante en arrosant les plantes, en marchant dans les couloirs au bureau, en cuisinant, enfin un peu partout.

    Avó Augusta chantait aussi, elle chante toujours, mais au début, au tout début lorsqu’elle s’est mariée au Portugal en aout 1972 et venue s’installer à Esch en octobre de la même année, elle ne savait pas qu’elle allait avoir une vie de chanteuse exilée au Luxembourg. Au début, tout était difficile.

    "Je suis venue ici. Je me suis mariée au Portugal et je suis venue tout de suite après pour... Je suis émue parce qu'il y a eu des moments difficiles et je suis arrivée sans parler, sans avoir d'amis. En 1972. Je me suis mariée en août et je suis arrivée en octobre."

    Augusta se rappelle les petites surprises au début, et surtout le climat. Par exemple, accrocher le linge dehors pour le faire sécher comme elle avait l’habitude au Portugal n’était plus possible à Esch, à moins de vouloir récupérer son linge mouillé, et glacé en hiver comme en été.

    "Quand je suis arrivée ici, il n'y avait pas de machines à laver, rien de ce genre. Et je suis allée, j'étais habituée au Portugal, nous, nous accrochions toujours le linge… le linge n'était jamais, donc, que ce soit l'hiver ou l'été. Et je suis allée accrocher le linge… là où je vivais, et le linge est resté comme ça. C'est ce qui, ce qui m'a le plus surpris parce que le climat ne nous permettait pas d'accrocher les vêtements à l'extérieur."

    Les premières années furent horribles selon Augusta, mais cela n’a pas duré. Elle a petit à petit commencé à trouver des soirées, des théâtres et des endroits où sa voix, ses chansons lui ont permis de se faire une carrière de chanteuse, et de faire revivre son Portugal à travers sa voix. Ecoutez Augusta dans ce passage expliquer comment elle a fait avec son mari le tour de l’Europe, comment elle a enregistré un disque et comment ils ont tous les deux formé un groupe.

    "Au début, quand le Portugal nous a manqué, oui, au début, oui. Les premières années ont été horribles. Les premières années étaient horribles, mais plus maintenant. J'ai toujours participé à des activités et puis je suis arrivée ici, et c'est par causalité que nous sommes aussi entrés dans la participation au développement de la culture portugaise. C'est vrai. Et puis nous avons aussi participé à une association où il y avait, il y avait des théâtres et nous étions présentés dans des magazines, nous avons parcouru la moitié de l'Europe et plus tard, plus tard, la chose que j'ai faite, c'est que j'ai enregistré un disque. Et je ne citerai pas mon nom parce que si je dis mon nom, tout le monde le sait. Ou presque. Attention. Mais j'ai enregistré un disque parce que j'aimais chanter. Et aujourd'hui encore, j'aime chanter."

    De son pays natal, elle a ramené toutes les chansons, pas dans un sac mais dans sa mémoire. Et selon elle, chanter ici au Luxembourg c’est créer un espace pour briser l’isolement des Portugais qui se sont installés dans les années 70 et qui, durant ces spectacles se retrouvaient ensemble pour écouter des chansons qu’elle avait apprise dans son enfance.

    "C’est ce que j'ai apporté dans mon esprit. Je ne l'ai pas apportée dans le sac, mais elle est venue dans ma mémoire. Et après de nombreuses années ici, de nombreuses années, j'ai aussi développé... C'est normal maintenant, par rapport, par exemple, à la télévision et à tous ces trucs, tout est déjà... Les enfants... À l'époque, il n'y avait rien. À l'époque, les Portugais étaient complètement isolés et puis il y a eu ces, il y a eu ces fêtes que, que les gens ont organisées qui... Ça donnait beaucoup de bonheur aux Portugais pour passer le temps... Et nous avons participé à, à, à un groupe où nous représentions le théâtre et d'autres choses, des variétés, beaucoup de variété. J'ai fini par chanter plusieurs fois des chansons que j'avais apprises au Portugal quand j'étais petite."

    Augusta n’a pas changé. C’est d’ailleurs le titre d’une chanson de son album « Nao Mudei », parce que même quand elle apprit à s’intégrer et accepter son côté luxembourgeois, elle pense en portugais, et ne reniera pas son pays natal juste parce qu’elle elle s’est éloignée.

    "Aujourd'hui encore, je me sens portugaise à 100 %. C'est pour cela que j'ai dit, je n'ai pas changé, alors par rapport à ça, par rapport à tout ça, je n'ai pas changé, je continue à être, à être toujours la même. Bien sûr, en aimant et en acceptant mieux tout ce qui est luxembourgeois, mais en pensant toujours, en pensant toujours au Portugal, bien sûr. Il n'y a pas... C'est pourquoi le titre « Eu não mudei » parce que j'ai continué... Et même aujourd'hui, j'aime beaucoup ici, parce que, parce que j'aime ça, je n'oublie pas, et je ne renie pas le Portugal parce que je suis loin de là. Mais par exemple, maintenant, je suis aussi ici depuis de nombreuses années, et nous devons aussi comprendre..."

    Augusta la chanteuse a eu une vie pleine de joie, d’amour et de culture. Aujourd’hui elle le vit toujours en tant que grand-mère. Elle chante à ses petits-enfants en portugais et ça lui apporte plein de bonheur. Elle se rappelle comment elle courait d’une chambre à l’autre pour chanter à ses trois petits fils des chansons pour les endormir. Elle a passé sa vie à transmettre la culture portugaise aux spectateurs, et elle le fait avec le même amour qu’avec ses petits-enfants.

    "Donc, ma famille, c'est comme ça, je suis grand-mère, d'accord. C'est donc moi qui présente maintenant. Mes petits-enfants parlent portugais et je leur ai chanté beaucoup de chansons en portugais. Beaucoup, beaucoup, beaucoup. Beaucoup, beaucoup, beaucoup. Et c'était un pur bonheur pour moi parce que j'avais, ils disaient Grand-mère, chante celle-là... » Les garçons, quand ils sont venus, quand ils sont restés ici, je... J'en ai trois. Et puis je courais d'une pièce à l'autre, et je chantais à chacun une chanson pour, pour les endormir. J'ai vraiment aimé ça parce que c'était un peu de la culture portugaise que j'ai apportée avec moi et que j'ai aussi transmise à mes garçons. Et cela me rend très heureuse. Parce qu'ils ont vraiment aimé ça. Et ils ont toujours demandé."

  • Artistes visuels

    Duarte Perry et Marieke Leene